Université Populaire de St-Denis
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Initiation à la musique et à l’écoute active :
la musique dite baroque

 
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La musique est un art technique que pourtant tout le monde peut écouter, ressentir, apprécier. N'y a-t-il pas un paradoxe, dans le cadre d'une Université Populaire, à tenter d'aborder, d'approcher une technique complexe qui nécessite d'ordinaire un long apprentissage pour être « entendue » ? Je m'efforcerai de montrer le contraire.
Au conservatoire de Montargis, dans le cadre de mon cours d'écoute, j'accueille de préférence des mélomanes sans formation technique. Cela ne peut fonctionner que si chaque oreille, chaque écoute est prise en compte et est la bienvenue. Pas de question idiote en musique ; toute écoute est valide. Mais elle n'est enrichissante, cette écoute particulière, pour moi et pour mes auditeurs, qu'à condition d'être active, c'est-à-dire pleine de curiosité, d'interrogations, pleine de vie.
Ici, à Saint-Denis, à travers un parcours trop bref, où j'essaierai de faire entendre le plus possible, j'évoquerai ce qui reste pour moi un champ d'expression privilégié de l'instrument que j'ai tant aimé et dont j'ai fait mon métier : la flûte à bec. Je parlerai donc de la musique "baroque".

Christian Chandellier
est musicien et enseigne, au Conservatoire de Montargis, la flûte à bec, la musique ancienne et la formation musicale. Il a créé l'Ensemble Baroque de Montargis, qu'il dirige. Il a donné de nombreux concerts, de nombreuses conférences et a publié divers articles musicologiques.

le 4-pages du cycle

Organisé par Christian CHANDELLIER

On fera, dans cette conférence, sonner la taxonomie traditionnelle avec un marteau pour constater que la musique doit seule exprimer les changements et basculements survenus. On cherchera donc une classification moins conventionnelle, plus pertinente et plus apte à éclairer notre question : qu'est-ce que la musique dite "baroque" ?
A l'aube du XVIIe siècle, la polyphonie a fait son temps, il faut tourner la page ! Comment expliquer autrement, sinon par cette nécessité puissante, le formidable succès de la Nuove Musiche de Giulio Caccini publiée en 1601 ? Désormais jugée trop présente, trop prégnante, la musique (et son image d'alors, le contrepoint) est reléguée derrière la déclamation et l'élocution. Spéculation "d'intellectuels" de chambre (camerata) qui, contre toute attente, prend.
C'est cette seconde pratique, comme la nomme Monteverdi, ou style représentatif, qu'il faudra à présent pratiquer, aimer, promouvoir en plus, bien sûr, d'une maîtrise du contrepoint pourtant maintenant synonyme de musique ancienne. C'est en Italie que l'on effectuera le passage. En Italie, où comme en France et ailleurs, les femmes peuvent être connues et reconnues compositeurs, c'est-à-dire musiciennes.

La musique italienne du 17ème siècle et les femmes compositeurs

Lundi 7 Juin
19h00

En France, état déjà centralisé et puissant, les nouveaux langages ne seront validés que par le passage sous les "fourches caudines" de l'esprit français.
En musique, l'usage d'une "agrémentation" complexe, particulièrement codée, rhétorique, ethniquement marquée, constitue aujourd'hui, pour les apprentis musiciens, l'entrée habituelle dans le répertoire baroque. On y pratique la suite de danses, archétype de la composition baroque. Tout y est précis, rationnel, évidemment cartésien. On s'y sent en sécurité. Rien à voir avec l'imagination italienne suspecte de superficialité, d'exubérance, un peu trop extravertie.
« Quel agacement d'entendre les "amateurs" ignorer le bon goût », dira François Couperin.
"L'Art de Préluder" de Hoteterre, quant à lui, s'il promeut "l'arbitraire", c'est-à-dire l'improvisation, n'est en rien le « je fais ce que je veux » du mythe d'une expression immanente, d'un don. Cela s'apprend et se cultive. On y apprend... la musique. Cartésien, on vous dit.
La musique française, avec l'italienne, s'entendra partout, s'imposera partout.

La musique française du "grand siècle"

Lundi 14 Juin
19h00

Les concerts « brandebourgeois » (1721) de Jean Sébastien Bach, ne sont rien d'autre qu'une sorte de "curriculum vitae". Bach n'a cessé de chercher un poste meilleur, une situation mieux à même de garantir à sa famille une vie moins dure.
Qu'est-ce que la compétence en musique à l'époque ? Que faut-il maîtriser pour prétendre être musicien et être recruté ? Un mélange de style italien, français, sur terreau "contrapunctique" et tout entier traversé par l'improvisation, merveilleuse école d'apprentissage de l'Art. Toute la musique baroque est là.
C'est ce que démontre avec sa rigueur discursive habituelle Bach dans ces concerts brandebourgeois qui ne sont pas des concertos et qui ne seront baptisés "Brandebourgeois" que bien après la mort du compositeur.

Les "Concertos Brandebourgeois" de J.S. Bach (1/2)

Lundi 21 Juin
19h00

(Fete de la Musique)

Le sixième de ces concerts, en une conclusion (perroratio) éblouissante, affirme : la musique c'est le contrepoint. C'est la certitude ferme et définitive que pose Bach.
Dans les années 1740, Rameau a déjà publié son traité. Tous, y compris les fils de Bach, sont passés à ce nouveau langage, celui de la musique tonale, discours de l'harmonie, monde des accords. Bach l'entendra mais ne se résignera que vers la fin de sa vie. Dès lors, peut-être, faudrait-il clore la période dite "baroque", d'une part avec l'ouvrage de Rameau "Traité de l'Harmonie" (1722) et, d'autre part, avec le profond silence qui surgit dans "l'Art de la Fugue", œuvre brusquement interrompue, ultime composition didactique du maître de Leipzig qu'il n'achève pas : A quoi bon poursuivre une œuvre, une musique que plus personne n'entend ?

Les "Concertos Brandebourgeois" de J.S. Bach (2/2)

Lundi 28 Juin
19h00