Université Populaire de St-Denis Logo de la Dionyversité
 
Cycle de conférences précédentcycle suivant
 

Crimes et massacres coloniaux

 
A quoi sert la Dionyversité
mode d'emploi
tous les programmes
enregistrements et documents
autres universités populaires

Tout au long de ce cycle de 4 conférences, nous reviendrons sur les crimes massifs et/ou organisés qui ont accompagné la colonisation pendant plusieurs siècles, depuis la traite esclavagiste jusqu'aux indépendances.
Depuis quelques années des revendications surgissent, exigeant des réparations symboliques, pédagogiques ou matérielles pour les crimes de la colonisation.
Obtenir vérité et justice n'a rien à voir avec une quelconque posture de repentance, mais contribue à déconstruire le discours raciste plus ancré qu'on ne le croit dans un pays marqué par plus d'un siècle de discours colonial.

bibliographie

Par
le collectif "Sortir du colonialisme"

Nous nous attacherons à montrer de quelle façon les crimes coloniaux ont été systématiquement déniés, par un discours officiel selon lequel les notions d'égalité et de droits de l'homme admettraient une exception : celle des peuples colonisés, "mineurs et barbares", qui ne pouvaient prétendre en bénéficier.
Ce discours, qui fut celui des IIIe, IVe et Ve Républiques, a été abandonné après les indépendances. Mais, depuis, les autorités de la République n'ont jamais reconnu les crimes de la colonisation, ni désavoué le discours officiel antérieur.
La confrontation entre la réalité de la violence coloniale et le discours qui la légitime participe d'un effort de vérité politique et historique.

Gilles Manceron, historien, a été vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacré à la colonisation, dont : "D’une rive à l’autre. La guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire" (avec Hassan Remaoun, Syros, 1993) et " Marianne et les colonies. Une introduction à l'histoire coloniale de la France" (La Découverte, 2003).

Introduction

avec
Gilles MANCERON

Mardi 5 Février
19h00

Instituteur, syndicaliste, tribun, homme politique, Ruben Um Nyobè fut le porte-parole des masses camerounaises. Il porta les revendications d’indépendance jusqu’à l’Onu. Un combat qui lui coûta la vie le 13 septembre 1958.
Au Cameroun, longtemps après l’indépendance, il était interdit de prononcer publiquement son nom, de lire ses écrits, de garder chez soi son effigie, ou encore de se souvenir de sa vie, de son enseignement et de son action. Longtemps après son martyre, tout se passait comme s’il n’avait jamais existé. Cette officielle mise au ban cachait le sens réel de sa vie. Celle-ci a été une succession d’épreuves, de luttes et de souffrances.
Les circonstances de sa mort n’ont toujours pas été élucidées : la plupart des documents sont encore confisqués par l’ancienne puissance coloniale ou dissimulés par l’administration du Cameroun. La thèse officielle est une entreprise de criminalisation de Ruben Um Nyobè et de ses camarades.
Il est temps d’ouvrir le vrai procès de l’assassinat de Ruben Um Nyobè, coupable de son engagement à combattre l’ordre colonial.

Augusta Epanya est syndicaliste, conseillère municipale, et co-auteur, avec Jean Chatain et Albert Moutoudou, de "Kamerun, l’indépendance piégée" (éd. L’Harmattan, 2011).

Cameroun : l'assassinat de Ruben Um Nyobè

avec
Augusta EPANYA

Mardi 12 Février
19h00

Le 5 décembre 1952, Fahrat Hached, fondateur en 1946 et depuis lors secrétaire général de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), en même temps que l’un des principaux leaders du mouvement national tunisien, a été assassiné à Tunis. Ce crime a été commis, sous le couvert d’une organisation terroriste, La Main Rouge, par une branche du service français du SDECE qui, depuis sa création en janvier 1946, dépendait directement du président du Conseil, celui-ci étant alors Antoine Pinay.
Il est temps que, 60 ans plus tard, la responsabilité de ce crime, qui a provoqué une immense émotion en Tunisie et pesé lourdement sur l’avenir de ce pays, soit enfin reconnue.
Nous soulèverons les questions posées par les déclarations, en décembre 2009, à la chaîne de télévision Al Jazira d’un citoyen français qui a revendiqué avoir appartenu de cette organisation, déclaré « si c’était à refaire, je referais » et estimé l’assassinat de Farhat Hached "légitime". Par la suite, le même service du SDECE, avec l’aval d’autres chefs du gouvernement, a continué à assassiner des personnalités engagées dans le combat anticolonial.

Tunisie :
l'assassinat de Fahrat Hached

avec
Hichem HACH

Mardi 19 Février
19h00

En 1947, Madagascar est une colonie française dotée d’une assemblée élue, aux pouvoirs limités. Le refus obstiné des autorités françaises de modifier le joug pesant sur les populations provoqua une révolte nationaliste le 29 mars 1947.
La répression est impitoyable. Les autorités envoient à Madagascar un corps expéditionnaire de 18 000 hommes, qui sera porté à 30 000 hommes. L’armée française opère une répression aveugle : exécutions sommaires, torture, regroupements forcés, incendies de villages. Elle expérimente une nouvelle technique de guerre "psychologique" : des suspects sont jetés vivants d’un avion afin de terroriser les villageois de leur région.
En métropole, quelques journaux parlent du soulèvement mais le gouvernement et l’ensemble des organes de presse minimisent son importance et ne disent rien de la répression.
Dès le début, le gouvernement de Paul Ramadier avait fait porter la responsabilité de l’insurrection sur trois parlementaires malgaches du MDRM (Mouvement démocratique de la rénovation malgache), qui avaient diffusé dans les villages un télégramme demandant instamment à chacun d’éviter les violences. Leur appel était resté sans effet, mais pour le gouvernement français ce télégramme était en fait un texte codé qui signait leur "crime". Ils sont arrêtés et torturés. Deux d’entre-eux seront condamnés à mort, avant d’être finalement grâciés.
En date du 10 juillet 1947, le président de la République, Vincent Auriol, écrivait : « Il y a eu évidemment des sévices et on a pris des sanctions. Il y a eu également des excès dans la répression. On a fusillé un peu à tort et à travers ».

Jean-Claude Rabeherifara est sociologue et enseignant-chercheur à l'université Paris-Nanterre

Madagascar :
mars 1947, le massacre occulté

avec
Jean-Claude RABEHERIFARA

Mardi 26 Février
19h00

 
fermer bibliographie

- Gilles Manceron : Marianne et les colonies, introduction à l'histoire coloniale de la France (2003, La Découverte)
- Bakang ba Tonje : Les derniers jours de Ruben Um Nyobè (Ed. Kunde)
- Ruben Um Nyobè : Le problème national Kamerunais (1984, L'Harmattan)
- Jean Chatain, Augusta Epanya et Albert Moutoudou : Kamerun, l’indépendance piégée (2011, L'Harmattan)
- Ahmed Khaled : Farhat Hached, héros de la lutte sociale et nationale, martyr de la liberté (2007, éd. Zakharef, Tunis)
- Jacques Tronchon : L’insurrection malgache de 1947 (Ed. Karthala)
- Yves Benot : Massacres coloniaux (La Découverte)
- Jean-Luc Raharimanana : Madagascar 1947 (Ed. Vent d'ailleurs)